Une ballerine pour un pingouin
La société est faite de groupes. Auxquels on appartient qu'on le veuille ou non.
Bien souvent on peut choisir. Mais quand on ne peut pas, que les autres nous
imposent un choix, là, c'est le drame. Ce fut mon cas pendant 15 ans.
En exclusivité je vous raconte mon histoire.
J'avais 10 ans. Et, comme toute petite fille qui se respecte, j'ai voulu faire de la Danse classique. Là je te dresse le contexte.
Au bout de quelques cours, le professeur qui avait évalué mon potentiel d'un oeil impitoyable, a dû me placer dans l'un de ses 2 groupes.
Oui figures-toi qu'il y a toujours 2 groupes en Danse classique :
Celui des "Cygnes": les danseuses toujours au devant de la scène, qui ont les ballerines roses fades, qui ont de la grâce, qui ont un don, qui chausseront les "pointes" très vite, qui iront à l'opéra.
Pour les "Cygnes" , la vie est belle.
Puis, il y a le groupe des "Pingouins". Très homogène celui là. Les "Pingouins" ne dansent pas. Ils gesticulent. Il s'agit des danseuses en arrière plan, celles qui ont des ballerines noires car elles n'ont pas encore le niveau pour les roses. Celles qui tombent de la scène après une pirouette et qui n'arrivent pas à mémoriser les positions de pieds alors qu'il n'y en a que 5.
Et toi te moque pas car si tu ne sais pas faire une arabesque, t'es aussi un "Pingouin" et c'est bien fait, je t'ai dit on y échappe pas aux groupes !
Donc pour les "Pingouins", pas de "pointe", pas de solo, pas de chance. Pas de devant de la scène. AU FOND!!! Voire en coulisses.
Bref, je te disais.. A mes yeux je devais être dans le groupe des"Cygnes". Mais non, le prof a fait de moi un "Pingouin".
J'ai été anéantie. Moi qui faisait de la danse classique pour avoir les chaussons roses, autant dire que j'ai abandonné pour me lancer dans les sports de glisse.
Et j'ai grandis, critiqué les danseuses de classique et leur poitrine plate, préféré ma démarche de pingouin à la leur de canard, et essayé de temps à autre leurs ballerines rose à Décathlon.
Mais quelque part, cet interdit est resté un traumatisme. Une blessure enfouie en moi.
Jusqu'à ce que je parte en vacances à New-York.
Au détour d'une rue, je suis entrée dans un Topshop. En toute innocence et sans arrière pensée. Et dans le coin... des ballerines de danseuse qui se portent dans la rue. Et pas les fausses trop rose, qui brillent même pas, avec un noeud qui tient trop bien. Non, les vraies de vraies, la bonne couleur, le bon brillant, la matière ultra souple qui fait la différence avec toutes les autres, l'élastique tout fin qui forme un noeud qui pendouille et une semelle-pour-marcher-dans-la-rue. J'ai du rester plusieurs minutes à observer autour de moi pour être sûre que j'y avais le droit (même que Dark Vador et son imagination débordante ont cru que je m'étais faite enlevée). Bref, j'y avais le droit. Parce qu'on était à New-York et que là bas ils ont inventé les chaussures de danse pour les pingouins qui veulent marcher dans la rue.
T'imagines bien que je les ai achetées. 42 dollars (me demande pas combien ça fait en euros, en maths j'étais dans le groupe des "Flans"). Moment de bonheur inouïe où j'étais plus haut que l'Empire State !
Quand est venu le moment de repartir pour le Groënland la France, je les ai cachées au fond de la valise. Trop peur qu'on me demande une dérogation pour importer des chaussures réservées aux privilégiées en Europe. Et t'inquiètes, je suis passée incognito !
Bon, si tu en veux dans ce style, j'avoue que de retour en France, j'en ai vu chez André.
Mais je t'assure c'est vraiment pas les mêmes ! Elles te donnent une démarche de faux "Cygne". En plus, elles coûtent 60 euros et pour des imitations, c'est une vraie escroquerie. Et puis ça fait longtemps qu'elles y sont, je suis sûre y aura plus ta taille...
Bien souvent on peut choisir. Mais quand on ne peut pas, que les autres nous
imposent un choix, là, c'est le drame. Ce fut mon cas pendant 15 ans.
En exclusivité je vous raconte mon histoire.
J'avais 10 ans. Et, comme toute petite fille qui se respecte, j'ai voulu faire de la Danse classique. Là je te dresse le contexte.
Au bout de quelques cours, le professeur qui avait évalué mon potentiel d'un oeil impitoyable, a dû me placer dans l'un de ses 2 groupes.
Oui figures-toi qu'il y a toujours 2 groupes en Danse classique :
Celui des "Cygnes": les danseuses toujours au devant de la scène, qui ont les ballerines roses fades, qui ont de la grâce, qui ont un don, qui chausseront les "pointes" très vite, qui iront à l'opéra.
Pour les "Cygnes" , la vie est belle.
Puis, il y a le groupe des "Pingouins". Très homogène celui là. Les "Pingouins" ne dansent pas. Ils gesticulent. Il s'agit des danseuses en arrière plan, celles qui ont des ballerines noires car elles n'ont pas encore le niveau pour les roses. Celles qui tombent de la scène après une pirouette et qui n'arrivent pas à mémoriser les positions de pieds alors qu'il n'y en a que 5.
Et toi te moque pas car si tu ne sais pas faire une arabesque, t'es aussi un "Pingouin" et c'est bien fait, je t'ai dit on y échappe pas aux groupes !
Donc pour les "Pingouins", pas de "pointe", pas de solo, pas de chance. Pas de devant de la scène. AU FOND!!! Voire en coulisses.
Bref, je te disais.. A mes yeux je devais être dans le groupe des"Cygnes". Mais non, le prof a fait de moi un "Pingouin".
J'ai été anéantie. Moi qui faisait de la danse classique pour avoir les chaussons roses, autant dire que j'ai abandonné pour me lancer dans les sports de glisse.
Et j'ai grandis, critiqué les danseuses de classique et leur poitrine plate, préféré ma démarche de pingouin à la leur de canard, et essayé de temps à autre leurs ballerines rose à Décathlon.
Mais quelque part, cet interdit est resté un traumatisme. Une blessure enfouie en moi.
Jusqu'à ce que je parte en vacances à New-York.
Au détour d'une rue, je suis entrée dans un Topshop. En toute innocence et sans arrière pensée. Et dans le coin... des ballerines de danseuse qui se portent dans la rue. Et pas les fausses trop rose, qui brillent même pas, avec un noeud qui tient trop bien. Non, les vraies de vraies, la bonne couleur, le bon brillant, la matière ultra souple qui fait la différence avec toutes les autres, l'élastique tout fin qui forme un noeud qui pendouille et une semelle-pour-marcher-dans-la-rue. J'ai du rester plusieurs minutes à observer autour de moi pour être sûre que j'y avais le droit (même que Dark Vador et son imagination débordante ont cru que je m'étais faite enlevée). Bref, j'y avais le droit. Parce qu'on était à New-York et que là bas ils ont inventé les chaussures de danse pour les pingouins qui veulent marcher dans la rue.
T'imagines bien que je les ai achetées. 42 dollars (me demande pas combien ça fait en euros, en maths j'étais dans le groupe des "Flans"). Moment de bonheur inouïe où j'étais plus haut que l'Empire State !
Quand est venu le moment de repartir pour le Groënland la France, je les ai cachées au fond de la valise. Trop peur qu'on me demande une dérogation pour importer des chaussures réservées aux privilégiées en Europe. Et t'inquiètes, je suis passée incognito !
Bon, si tu en veux dans ce style, j'avoue que de retour en France, j'en ai vu chez André.
Mais je t'assure c'est vraiment pas les mêmes ! Elles te donnent une démarche de faux "Cygne". En plus, elles coûtent 60 euros et pour des imitations, c'est une vraie escroquerie. Et puis ça fait longtemps qu'elles y sont, je suis sûre y aura plus ta taille...